mercredi 21 mai 2008

Tazzé vivant

C'est Le Monde qui l'annonce (et la BBC aussi, mais we are in France, we speak french, comme disait un poète français du 21ième siècle), qui annonce donc que l'ADN du tigre de Tasmanie a été "ressuscité".

J'en conclue donc que l'ADN est vivant au même titre que vous, moi, votre chat, les insectes qui vous font chier en été...

L'ADN n'est évidemment pas vivant en tant que tel, mais il permet à l'organisme de vivre par le truchement de petits trucs sympa appelés gènes. Ces deux médias parlent en fait du fait que des chercheurs australiens et américains ont réussi à cloner un gène du fameux tigre dans des embryons de souris et à le faire fonctionner.

Que nos chers députés s'inspirent de cette découverte, les OGM peuvent servir à ressusciter des gènes de bestioles mortes depuis longtemps...

Comment diable ces chercheurs ont-ils réussi cette prouesse ? En séquençant le fameux gène, pardi. Ils sont allé chercher des spécimens du tigre et des tissus conservés dans de l'alcool et ont commencé à séquencer. Dans les textes, c'est simple. Dans la pratique, c'est dur. Séquencer de l'ADN normal peut être dur, mais quand il est ancien, c'est du domaine du très très dur.
Pourquoi ? Parce que l'ADN ancien subit un très grand nombre de dégradations chimiques qui rendent son séquençage compliqué. Il faut éviter toute contamination avec de l'ADN externe (celui qui flotte dans l'air, par exemple), il faut refaire les expériences un grand nombre de fois pour contourner le fait que l'ADN que l'on cherche est présent en très petites quantité. En plus, il est en tout petit morceau.

Tout ceci rendait le séquençage d'un gène entier ancien pas gagné au départ. Donc chapeau, puisque non seulement ils ont obtenu une séquence entière, mais en plus elle semble marcher.

Je coupe ici toute science fiction : ce n'est pas demain la veille que le tigre de Tasmanie pourra gambader à nouveau dans les plaines tasmaniennes. Il y a une différence entre séquencer un gène et séquencer un génome, et la tâche est autrement plus dure dans ce cas. De plus, même avec le génome, on ne peut pas recréer un organisme d'un claquement de doigt, il faut transférer le génome dans une cellule (clonage) et développer l'embryon ainsi obtenu, c'est à dire le mettre dans un utérus. Et là, lequel prendre ?

Donc ce gène zombie, c'est un petit pas pour la science, et un petit pas pour le diable de Tasmanie.

Sinon, notre chère ministre de la recherche a donné une interview dans le journal Le Monde, interview où elle explique que la création d'instituts de recherche au sein du CNRS, c'est bien. Pourquoi ? Parce que c'est bien, justement. On n'en apprend pas vraiment plus, notre chère ministre maniant avec soin la langue des forêts (pardon, de bois).
Ce qui ressort, c'est la volonté du monde politique de contrôler le monde scientifique par la nomination des directeurs d'instituts. Cette volonté de contrôle peut nuire si elle prive la recherche d'une liberté de mouvement indispensable à son bon fonctionnement.




Quand au temps, il est pas tip top aujourd'hui...

3 commentaires:

Glaboin a dit…

On va bientôt pouvoir le faire ce Jurassic Park ! (J'ai dépensé sans compter)

Yves Clément a dit…

correction : tu commentes sans compter...

Glaboin a dit…

Quelle promptitude à répondre à tes commentateurs, c'est impressionnant ! Presque aussi impressionnant que la vacuité de mes commentaires...