lundi 26 mai 2008

Le tout petit trottoir...

En ce jour où l'actualité sportive (la baballe jaune reviens) et culturelle (everybody says cocorico) semblent dominer, on semble oublier qu'un bataille que l'on devine féroce, sans pitié, sans merci vient de commencer.

Je parle de la bataille que le maire de Paris et la présidente de Poitou-Charente ont commencé à se livrer pour une place en finale du grand tournoi quinquennal du plus grand communiquant incompétent de ce pays ("Un peuple a toujours le tyran qu'il mérite",est-il bon de le rappeler).
Ce n'est pas la bataille qui m'intéresse en fait, mais un concept que l'on doit (paraît-il) à une participante de cette bataille, à savoir S. R.

Ce concept, c'est la démocratie participative.
Ce truc ne m'intéresse pas vraiment, ce qui m'intéresse et ce dont je vais causer aujourd'hui, c'est l'une des ramifications de ce truc, à savoir le micro-trottoir.

J'ai rarement vu un truc aussi con, aussi débile, aussi vide de sens et de contenu qu'un micro-trottoir (si, une fois, dans un sandwich du CROUS).

Journalistiquement parlant, le micro-trottoir, c'est de la merde.
Ni plus, ni moins.

Le travail demandé pour un journaliste est minime. Il lui suffit de réunir deux ingrédients essentiels, le micro, branché sur un truc qui enregistre, et un trottoir, de préférence avec des gens dessus. Tout ce qui lui reste à faire est de tendre le micro (bon d'accord, il y a un effort dans le bras) et de poser une question ("que pensez-vous de la nouvelle voiture de chez machin ?") aux gens qui passent sur le trottoir sus-cité.
Quel effort, puisque le journaliste se contente, effort suprême, de recopier plusieurs réponses mot pour mot dans le journal.

Ensuite, le contenu d'un micro-trottoir est vide, nul, archi-nul, un trou noir, une singularité.

Je suis d'accord qu'en démocratie, chacun a le droit de s'exprimer, la liberté de parole est une prolongation naturelle de la liberté de pensé, etc. Pourtant, j'ai du mal à voir l'intérêt de savoir ce que pense le quidam de base. J'ai du mal à saisir l'intérêt que cela peut apporter au débat.

Le principe d'une démocratie est donc que n'importe qui est libre d'avoir une opinion à peu près sur tout. J'ai des opinions sur le foot, la politique, le festival de Cannes et sur pas mal de sujets.
Mais ce ne sont que des opinions. Une opinion est personnelle, construite à partir de quelques informations et surtout, surtout, de l'interprétation personnelle de ces quelques faits. En aucun cas, une opinion reflète une quelconque réalité. Mes opinions sur le foot sont personnelles, ne regardent que moi et reflètent difficilement la réalité.

Une opinion est radicalement différente d'un fait ou d'une réalité. Or le principe du micro-trottoir est justement d'ériger cette opinion en fait quasiment établi. Je le pense, donc cela doit être vrai. Il y a quelque chose de fondamentalement faux et, par extension, de pervers (au moins dans les effets) à ériger une opinion en une vérité absolue. Vu qu'une opinion est fauss(é)e par définition, l'accepter comme fait journalistique n'est tout simplement pas acceptable.

Les opinions peuvent êtres intéressantes parfois, mais leurs utilisations massive, que ce soit par les micro-trottoirs, par les sondages d'opinion ou par d'autres moyens donnent l'illusion qu'il suffit d'en avoir (des opinions) pour donner son avis sur tout et n'importe quoi, même si l'on en sait rien (ou quasiment).

Le droit à l'ouvrir ne signifie pas l'ouvrir quoi qu'il arrive. Il est urgent d'apprendre à se taire, et surtout, d'apprendre à aller au-delà des opinions. C'est facile d'avoir une opinion, c'est plus dur d'aller chercher les informations et de vérifier les faits, confronter des points de vus différents.

Bref, réfléchir, quoi...

3 commentaires:

Glaboin a dit…

Que ça fait du bien de lire des choses comme ça ! En effet, on s'en tamponne pas mal de l'avis de madame Michu sur le cours du dollar en Haute-Volta... (Quoique Jean-Marc Sylvestre ne ferait pas mieux qu'elle)

PS : à part ça, je vois que ça bosse fort ! Allez, on s'sort les doigts du c.. et on s'met au boulot ;)

Glaboin a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Glaboin a dit…

Tiens, aujourd'hui je suis tombé sur ce lien qui fait bien écho à ton billet.