vendredi 23 mai 2008

Recherchons en France, tant que nous en avons encore le temps...

Pas contents, les chercheurs, on peut un peu les comprendre.

Je vous faisais part des propos de notre chère ministre de la recherche il y a deux jours de cela concernant la création au sein du CNRS d'instituts spécialisés. Le but étant de regrouper au sein d'un même institut tout ce qui touche à un domaine particulier : la chimie, la physique, etc. Adieu donc la sacro-sainte pluridisciplinarité du CNRS qui permettait à des domaines qui n'avaient rien à voir de cohabiter. La communication est essentielle pour avancer dans la science, on est maintenant sûrs que les politiques ne l'ont pas compris.

J'étais, je l'avoue, passé à coté de certains des enjeux de cet éclatement programmé en ne parlant uniquement de la nomination par le gouvernement des directeurs d'instituts, qui correspond à une reprise en main du secteur scientifique et la fin de l'indépendance de la recherche et de la science.
Sur ce point, les chercheurs ne se sont pas laissés faire. Vu que cette annonce a été faite avant une concertation sur le sujet prévue de longue date, pas mal de participants de cette réunion ont tout simplement claqué la porte.

Mais d'autres points m'ont échappé, tant l'interview de la ministre était gravé dans le chêne centenaire de la langue de bois. Pas mal de domaines ont donc droit à leurs instituts, fort bien. La biologie, qui n'est certes pas une petite science de rien du tout, se voit elle intégrée (le mot absorbée conviendrait mieux) dans un institut déjà existant, l'INSERM, qui est un institut de recherche bio-médicale. Le principe est donc simple, il s'agit de montrer au biologistes ce qu'il convient de faire dans les prochaines années, à savoir de la recherche médicale et appliquée.

Et là, le mur se rapproche à toute vitesse.

Il est évident que la biologie ne se limite pas à ses applications médicales, il y a l'écologie, l'évolution et bien d'autres domaines pour lesquels une application médicale va être difficile à trouver. Et tous ces domaines là vont disparaître (en tout cas, dans leur forme actuelle) ou vont être réduits à leur minimum que je n'oserait même pas qualifier de vital tant j'imagine il va être faible.
Donc, plus que des applications médicales.
Fort, bien, on va sauver le monde avec. Pendant un temps seulement. Car quand toutes les applications médicales auront été étudiées, que toutes les pistes auront été explorées, que restera-t-il ? Rien. Car aucune recherche fondamentale n'aura été faite durant ce temps. Et il n'y aura plus rien à faire.
Toute recherche fondamentale n'a par définition aucune application. Pourtant toute connaissance peut un jour servir. L'évolution et l'adaptation des espèces à leurs milieux permet de mieux comprendre (et de combattre) l'apparition de résistance aux antibiotiques chez les bactéries ou aux insecticides ou aux OGM chez les insectes.

Sans recherche fondamentale, on va dans le mur.

Tout simplement.

Mais apparemment pas assez pour les politiques qui gouvernent en ce moment...

2 commentaires:

Pipette a dit…

Bah alors, pour quelqu'un qui bosse non stop sur son rapport de stage, tu décolles pas de ton blog on dirait ! Sinon sur le même sujet (recherche fondamentale ou appliquée), la lettre ouverte de Cédric Foellmi à notre cher président est vraiment à lire (si tu as encore du temps à perdre...) :
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1727

Yves Clément a dit…

se sortir la tête du rapport est parfois salutaire, même si c'est pour commenter sur ce genre d'actualité qui ne motive pas vraiment pour la suite...
Merci du lien, en tout cas