mardi 29 avril 2008

Quoi de neuf en sciences (1)

Quelques petites choses qui ont retenu mon attention ces derniers jours, de quoi vous permettre de briller devant les collègues le matin à la pause, de quoi remplir plusieurs billets.

La première nous viens de l'Angleterre. La BBC et Le Monde annoncent qu'une femme peut influer sur le sexe d'un futur enfant par son alimentation (à la mère, pas à l'enfant).
Ces deux sérieux médias citent la non moins sérieuse revue de la Royal Society of Science (anglaise, elle aussi) et un article daté du début du mois d'avril. Les auteurs de cet article clament haut et fort (apparemment, ils ont été entendus) que donc l'alimentation de la mère peut avoir une influence sur le sexe d'un futur enfant.

Ou de l'utilisation de méthodes de grand-mère en science.

Tout d'abord, une petite précision sur ce que l'on appelle le sex-ratio. Il s'agit tout simplement du rapport mâle/femelle dans une population. Dans les populations occidentales, il nait plus de fille que de garçons. Pourquoi ? On se pose beaucoup la question, sans réponse adéquate.
Dans l'étude en question, le régime alimentaire de centaines de femmes britanniques, avant que celles-ci conçoivent un enfant, est passé à la loupe. Puis on regarde le sexe du bébé qui nait. Il en ressort qu'un régime alimentaire plus riche est liée à un nombre plus élevé de naissances masculines, les céréales notemment.

Bravo, pourrez-vous dire, CQFD et autres.

Oui mais non.
Tout d'abord, corrélation ne signifie pas rapport de cause à effet. Mon âge et la température moyenne du globe augmentent tous deux, ce qui ne veux pas dire que c'est mon âge qui fait qu'il fait de plus en plus chaud ou l'inverse.
Ensuite, le rapport entre régime alimentaire et sexe du bébé, même s'il existe, est infime. Le sexe du bébé dépend de tellement de variables que dire que manger plus riche permet d'avoir des garçons est équivalent à dire que marcher plus vite dans un aéroport en Europe vous fait arriver plus vite à New York.

Mais je reste persuadé que cette étude va être prise au pied de la lettre et va se ranger dans la pile toujours plus grosse des remèdes du style "ma-grand-mère-super-intelligente-l'a-dit-alors-ça-doit-être-vrai" au même rang que faire l'amour la tête en bas ou que sais-je encore.

Pour finir, et dans la série "méfions-nous-de-tout", je dirais simplement que les statistiques sont autant utiles que nuisibles. Comme beaucoup de produits nocifs, c'est la dose et surtout l'utilisation qui fait le poison.

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