mardi 8 avril 2008

Fêtes vos Jeux, rien de va plus

(Presque) tout le monde a remarqué à quel point le passage parisien de l'allume-cigare olympique a fait du raffut. Ni les chinois, ni le CIO ne sont passé à coté, ils envisagent d'annuler purement et simplement le reste de l'Olympic Torch World Tour.

Plus que jamais l'idée de boycott effleure l'esprit de bon nombre de gens. Mais ce n'est et ne doit rester qu'une idée. Car si boycott il y aura, ce ne sera certainement pas leur décision.

Je doit manifester ici mon indignation contre les politiques de tout bords qui ont décidé le boycott de la manifestation sportive la plus importante au monde. Ces décisions sont prises dans un contexte particulier (l'invasion de l'Afghanistan par l'URRS en 1979 par exemple a entrainé le boycott des jeux de Moscou de 1980 par les USA) qui appellent à une réaction politique forte. On ne peut évidement que louer les intentions de ceux qui décident de boycotter les Jeux Olympiques (la guerre, c'est mal, ou tout autre truc du genre), mais les conséquences pour ceux qui prennent les décisions sont minimes, voire nulles. L'homme politique de 60 balais n'en a rien a foutre d'aller courir dans un stade de l'autre coté de la terre, l'athlète qui s'entraine toute une vie pour une seule compétition un peu moins.

Car c'est là que réside le problème du boycott. Ce n'est ni aux politiques ni à l'opinion de décider de boycotter une compétition, mais bien aux compétiteurs eux-même. Un sportif n'est pas un politique, mais en tant que citoyen et participant à la compétition, lui seul peut décider de tout laisser tomber ou non. Ce sera sa décision, nul ne peut la contester.

Alors que feront les athlètes français (à part de la figuration sportive, j'entends) ? Et bien pas grand chose. Ils ont publié un texte dans lequel ils demandent "un monde meilleur", non sans une certaine mièvrerie, il faut l'avouer. Jules de chez Diner's room s'attarde plus sur le sujet.
J'ai infiniment plus de respect pour Tommie Smith et John Carlos qui levèrent leurs poings gantés de noir lors d'une remise de médaille à Mexico en 1968, même s'il s'agissait d'un salut Black Panthers, que pour les athlètes français qui veulent un monde plus juste (Smith et Carlos furent d'ailleurs exclus de l'équipe américaine pour ça).

Quant à ceux qui fustigent les manifestants pour l'affront qu'ils ont fait aux valeurs de l'olympisme, je dis que ce sont eux qui se fourrent le doigt dans l'œil jusqu'au coude. L'olympisme est mort est enterré depuis des années, depuis que l'olympisme est devenu un business, ni plus ni moins. Regardez les panneaux publicitaires dans les stades, comptez le nombre de sponsors et leurs spots de pub à la télé et dites moi si vous y trouver un soupçon d'olympisme. Si le sport est un business, les Jeux Olympiques en sont le fer de lance. C'est pour cette raison que la Chine a obtenu les jeux. C'est pour cette raison que le CIO ne peut faire marche arrière et ne peut que soutenir la Chine. C'est pour cette raison et parce que tout le monde veut faire du business avec la Chine que ni Sarkozy, ni aucun autre dirigeant n'appellera au boycott des jeux.

Je terminerai en disant que le possible boycott de la cérémonie d'ouverture semble, dans la cacophonie ambiente, une solution de sortie pour Sarkozy et pour certains athlètes. Mais cette solution n'en sera pas une, ce sera uniquement se voiler la face sur le problème du Tibet et de la répression chinoise.

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