mardi 25 mars 2008

Plus ou moins, tel est la question

On m'a transmit il y a peu un article du Point qui parlait de génome, plus précisément du nombre de gènes que les chercheurs estimaient être présents dans les génomes des principaux mammifères, c'est à dire les plus délicieux ou ceux avec le plus de personnalité. Cet article relatait le sincère étonnement des dits chercheurs quand les susnommées estimations tombaient bien bas, c'est à dire au même niveau que la plupart des mammifères, à savoir 20 000 gènes par génomes.

Cet étonnement a une source principal d'une simplicité extrême, à savoir que le nombre de gène dans le génome humain avant d' en avoir complété le séquençage était estimé à 80 000 (au bas mot). Autant dire que diviser le nombre de gène par 4 a été étonnant. Surtout, le fait d'avoir autant de gènes qu'une vulgaire souris ou qu'un chien est évidemment difficile à avaler.

Cette estimation très haute avait deux origines liés.
La première était évidemment le manque flagrant d'information sur le génome humain. En ces temps reculés où les bases de données étaient faites à la main sur du papier et où l'Homme devait chasser le mammouth pour survivre, les seuls génomes disponibles étaient ceux de bactéries ou de virus. Pas de quoi faire le poids.
La deuxième est simple : quand on ignore, on suppose. Et on a supposé un nombre aussi élevé pour expliquer la complexité et la supériorité de l'Homme (et de la Femme).

Cette supériorité est plus qu'une idée reçue, c'est un dogme pour certains, même chez les scientifiques. On place volontiers l'Homme sur un piédestal biologique qui semble faire sens : il y a plus de 6 milliards d'individus sur cette planète, il vit longtemps, il a colonisé quasiment tous les milieux, et surtout il possède une intelligence nettement supérieur à ces cousins à banane qui lui permet d'accomplir toutes sortes de choses, d'une blanquettes de veau à une bombe thermonucléaire.
Tout ceci a amené une représentation de l'espèce humaine où elle est bien à part des singes et du reste dans l'arbre des espèces, et où ce qui se passe chez l'Homme sert de référence pour l'ensemble du monde du vivant.

Représentation qui si elle a le mérite de nous mettre en valeur, n'est pas exactement juste biologiquement.

Il est vrai que l'espèce humaine est différente des autres espèces de par ces réalisations technologiques. Pourtant je ne croit pas qu'elles sont le gage d'une supériorité quelconque.
Tout d'abord parce que le concept de supériorité est stupide en biologie. On peut dire qu'une espèce est plus adapté à un milieu particulier qu'une autre, pas qu'elle est supérieure. La supériorité implique qu'elle soit totale, or on ne s'adapte qu'à un milieu particulier.
Ensuite, je doute que la capacité à s'auto-détruire soit un signe de supériorité, voire même d'adaptation au milieu.

Il est très important de noter que d'un strict point de vu biologique, l'espèce humaine n'est qu'une espèce comme une autre. Il n'ya rien d'extraordinaire dans notre génome: nous avons autant de gènes qu'une souris et certaines plantes ont un génome bien plus volumineux. Il n'y a rien d'extraordinaire dans notre longévité: certaines tortues vivent bien plus longtemps, sans parler d'arbres millénaires. Nous avons une tolérance au chaud et au froid assez limité (à armes égales avec d'autres espèces, c'est à dire complètement à poil). Certes nous mangeons de tout mais pas tellement comparé à d'autres. Quant aux comportements typiquement humain, ils sont observables facilement chez d'autres espèces.

Surtout, si nous venions à disparaitre totalement demain, nous ne serions pas considéré comme l'espèce humaine ayant eu le plus de succès. Notre espèce est apparue il y a 45 000 ans. L'espèce Homo neanderthalensis a vécu pendant 100 000 ans, deux fois plus longtemps que nous.

Désolé à tous ceux qui pensent que l'Homme est le sommet de l'évolution, le stade ultime, la fin des fins, mais nous ne somme qu'une brique dans un gigantesque mur. Il est d'ailleurs faux de penser que l'évolution a un but, humain ou pas. L'évolution est l'adaptation au milieu. Le milieu change tout le temps, les espèces également.

2 commentaires:

Glaboin a dit…

En effet, l'homo sapiens sapiens est un gros nul en ce qui concerne l'adaptation à son milieu naturel ; il préfère que ce soit le milieu qui s'adapte à lui.

PS : excellent billet.
PPS : T'as vraiment rien à foutre aujourd'hui ?
PPPS : ya pas de PPPS

Yves Clément a dit…

C'est pas que j'ai rien à foutre, c'est que je suis un peu au chomage technique, les serveurs ont du mal.

PS : en fait ce blog me sert à détecter ceux qui ne travaillent pas et ont suffisamment de temps à perdre pour lire ET commenter les messages...