mercredi 3 septembre 2008

La vie de couple, parlons-en (ça n'est pas sale)

Parlons aujourd'hui de la vie de couple, mais parlons-en du seul point de vue qui mérite qu'on s'y attache un petit peu, à savoir du point de vue de la génétique.
Et oui car la vie de couple et tous les petits tracas qui y sont associés semble (j'ai dit semble) pouvoir être expliqués par le spectre merveilleux, magnifique et poétique des séries d'Adénine, Thymine, Guanine et Cytosine qu'entre professionnels nous appelons séquences d'ADN (pour acide désoxyribonucléique).

Cette prodigieuse découverte, c'est à un pays nordique que nous la devons, à savoir la Suède.

Soit un couple "normal" (mais cela existe-t-il seulement un couple normal ? peut-être en laboratoire) composé d'un membre mâle de l'espèce Homo sapiens que nous appellerons François (c'est toi, Hans ?), et un autre membre de la même espèce, mais femelle celui-là que nous appellerons Gertrude (comme ça, pour voir).
Que nous dit cette étude sur ce couple ?
Et bien l'étude effectuée par des chercheurs suédois nous montre que, si problèmes il y aura, ils seront de la responsabilité du mâle, c'est à dire de François dans le cas suscité. Pourquoi ? Parce que la moitié mâle du couple peut posséder un allèle que la moitié féminine du couple n'aura jamais, à savoir l'allèle d'un gène qui répond au doux nom d'allèle 334 du gène AVPR1A (nom qui fait un peu "Brazil", mais bon).
Ensuite, l'étude montre que la présence et le nombre d'allèles portés par un mâle est lié à l'attachement dudit mâle à sa compagne (Gertrude dans notre exemple).

Petit aparté. On appelle gène toute séquence d'ADN ayant une fonction dans l'organisme (le gène de l'insuline ou gène de l'hormone de croissance ou de la couleur des cheveux). On appelle allèle la version du gène portée sur l'un ou l'autre chromosome (ou les deux)(l'allèle des cheveux blonds est par exemple en train de disparaitre). Un allèle donné d'un gène peut donc être en 0 copies (absent), 1 copie (on parle d'hétérozygotie) ou deux copies (homozygotie).
Fin de l'aparté.

L'étude pointe un lien entre les porteurs de deux copies de l'allèle 334 et un faible attachement dans leurs couples, à savoir plus de disputes et l'absence de sentiment de lien fort entre les deux membres du couple. En gros mon gars, si t'as deux allèles 334, tu ne pourra presque jamais être dans une relation de couple stable, magnifique, romantique avec des petits anges qui flottent tout autour quand vous marchez tous les deux en admirant l'astre couchant sur une plage de sable fin, la main dans la main et la zygounette dans le pilou-pilou.


À ce stade, mon sang de scientifique ne fait qu'un tour.
L'étude parle donc de lien statistique entre deux variables, à savoir la présence/absence d'allèles d'un coté et si les couples sont bien soudés de l'autre.
Aïe.
Car il s'agit là de corrélations et non pas de relations de causes à effets. Ces deux variables varient de la même manière mais ne sont pas forcément liées, l'une ne fait pas forcément varier l'autre. Cette étude n'est pas inintéressante en soit, mais doit être considérée avec un luxe de précautions, ce dont ni Le Monde, ni la BBC ne semble avoir fait l'effort. Pour eux, le lien existe puisque l'étude le montre.

D'un point de vue évolutif, cette étude est, par contre, très intéressante. Elle (re)pose la question de la vie de couple et de l'attachement comme force évolutive. Il existe quantité d'espèces chez lesquelles les membres vivent leurs vies entières en couples parfaitement soudés. Mais quels sont les moteurs de cet attachement ? Quels peuvent être les avantages de cet attachement quand à la transmission du matériel génétique aux générations suivantes ? L'orgasme pourrait être considéré comme un moteur de l'attachement d'un couple. Il y a d'ailleurs eu il y a peu une discussion très intéressante sur un non moins intéressant forum (un peu de pub ne tue pas la pub).

Donc, la vie de couple est en passe de devenir qu'un sous produit de l'évolution, une des très nombreuses manières qu'ont les gènes pour se transmettre de génération en génération.
Dommage

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